Michel Zink, Académie française Secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles, Professeur émérite au Collège de France 法兰西学院院士金石美文学院终身秘书长冉刻教授在汪德迈先生葬礼上的致词

汪德邁葬禮致辭

 

法蘭西學院院士
法蘭西學院金石美文學院終身秘書長
法兰西学院荣誉教授
米歇尔·冉刻(Michel Zink)

 

巴黎聖方濟·沙勿略教堂(Paroisse Saint François-Xavier)
二零二一年十月廿一日

 

以“文人雅士”稱呼汪德邁近情更怯,只因為還遠遠不夠。雖然以此描述他人已是敬稱,但對于汪德邁先生的巨大成就而言卻萬不及一。他那樣地博大精深、淵雅通達,絕非使用普通的敬詞可以概括。他不是一般的“文人雅士”,而是當代漢學少有的巨擘。他擁有無與倫比的精神、如此警醒的智識、如此開放的意趣,以及如此全面的自由與慷慨!“文人雅士”一詞在他面前黯然失色。

就汪德邁所處的時代與社會背景而言,獻身漢學並不是自然而然的選擇。他不會得到其實業家族或法國學術傳統的鼓勵。應該說他最初不是單一的漢學家。他的起點是哲學,并持續鑽研直至取得高等學術文憑(即今日的碩士學位),幾年後,他取得法學博士學位,當時年僅廿三歲。在攻讀哲學與法學博士期間,他也獲得了東方語言學院(INALCO)的漢語和越語的雙文憑。他的哲學與法學功底簇擁著他的漢語:這樣出色的教育和學術經歷,成為其學術生涯中的支撑。在我看來,哲學與法學皆為他通往中國文化殿堂的絕佳路徑。他的治學工具也不僅僅是漢語,還有越南文:這點也展現了他的開放思想與其獨特而罕有的博學與整合精神的結合。他的領域是中國文化,他还将受到中國文化影響的其他眾多文化納入視野,如越南、日本和韓國的文化。就其個人經歷而言,首先是越南。越南是他的最早旅居之地,他在河內高中任教,接着在菲諾博物館(Musée Finot)任職,在那兒結婚,經歷了殖民社會施加於異國婚姻的沉默的放逐。他後來又在日本京都客居數年,再返回法國。他旋即赴埃克斯大學任教,開始其出色的學術生涯,其後在巴黎七大、法國高等社會科學研究院等校任教,并曾歷任法國遠東學院院長等職。

法蘭西金石美文學院曾於三十年前遴選汪德邁先生為通信院士。我從他方得知,他絕不會成為院士,他本人並無意於此(虽然我從未冒然問過他本人)。若瞭解汪德邁先生的獨立人格,這個解釋就十分可信。與其懷疑金石美文學院無意聘請,我更願意接受是他個人選擇的說法。儘管如此,他始終都是法蘭西學院重要的貢獻者。他在中國享有盛譽,為法蘭西學院帶來了彌足珍貴的恩惠:香港明遠文化基金會與其會長陳越光先生,與法蘭西學院金石美文學院合作,以汪德邁的名義,創設了“汪德邁中國學獎”,資源豐厚,迄今已頒發四屆。迄今法蘭西學院與漢學和漢語圈、尤其與北京師範大學,建立了緊密的聯繫,都歸功於汪德邁先生與其摯友和合作者金絲燕教授(她也是我們的摯友)。在本院名聞遐邇的外國同事饒宗頤先生造訪巴黎時,汪德邁先生也承擔了核心角色。饒先生受到本院院士傅飛嵐的薦舉,獲選法蘭西學院金石美文學院的外籍院士。

請允許我再加上幾句個人的緬懷之語:近幾年來,我時常拜會汪德邁先生,受到其慷慨的庇蔭。多虧金絲燕女士、董曉萍女士與北京師範大學,讓我能榮幸地與汪先生一道,到中國訪學。同行者中,還有安東尼٠康帕農(Antoine Compagnon)先生。我們一起為中國研究生授課,一起抵達敦煌莫高窟,還有幸結識了西夏文專家李範文教授。

我本人不是漢學家,蒙此恩澤,十分榮幸。正是從這些交往中,我有機會領教汪德邁先生的淵博學識,獲得了遠非隻字片語所能夠描述的喜悅與益處。

汪先生最後的著作《中國教給我們什麼:在語言、存在與社會方面》,即使非漢學家亦能領會。他的著作開啟了我與其他眾多讀者聞所未聞的新視野。他認為漢字的書寫系統與龜甲卜辭銘文有關,雖然我對此沒有研究,但這個假說足以動人心魄。他如此巧妙地給予論證支持。他的學說為人類思想、對文化與文明的弘遠又明晰的嚮往,所帶來的如此眾多的啟迪,所如此寬廣地滋養我們的思想,我們還能說出怎樣的語言呢?付梓未渝十年,此部精湛而凝縮的钜著已成為龐大超然而完美實現的功業。

他在這本書的末尾,討論中國文化與信仰和存在的關係,任由思接千載。也許正在是如此,他將其一生奉獻於認識、熱愛與理解的那處在世界彼端的他者之後,仍然忠於自我,一如忠於他者,並讓自己的遺體,領受其位於巴黎七區教堂的祈福。

 

(索爾邦巴黎四大博士張晉瑋譯)

 

Funérailles de Léon Vandermeersch

Saint-François-Xavier

21 octobre 2021

 

Michel Zink

 

Il est impossible de désigner Léon Vandermeersch autrement que comme un grand savant. Appliquée à un autre, cette formule serait un hommage et un titre de gloire suffisants. S’agissant de lui, elle met presque mal à l’aise, parce qu’il était plus que cela (un si grand savant que l’expression usée de « grand savant » ne suffit pas à le définir), mais aussi parce qu’il était autre chose que cela : un esprit si original, une intelligence si alerte, une curiosité si ouverte, une liberté et une générosité si entières que soudain les deux mots « grand savant » sentent le renfermé et tombent en poussière.

 

Pour un homme de sa génération et de son milieu, se consacrer à la sinologie n’allait pas de soi et ne devait être particulièrement encouragé ni par une famille d’industriels ni par les usages du cursus universitaire. Aussi n’a-t-il pas été d’abord ni seulement sinologue. Il a commencé par des études de philosophie, poussées jusqu’au diplôme d’études supérieures (l’actuel master) et soutenu quelques années plus tard, mais tout jeune encore, à vingt-trois ans, un doctorat en droit. Entre les deux, des diplômes de chinois et de vietnamien obtenus à l’École des langues orientales, l’actuel INALCO. La philosophie et le droit encadrant le chinois : cet apprentissage éclaté était un apprentissage cohérent, car il me paraît, dans mon ignorance, que la philosophie et le droit sont d’excellentes voies d’accès au monde chinois. Pas seulement le chinois, mais aussi le vietnamien : là aussi se révèlent l’ouverture d’esprit mais aussi cette rare alliance de l’érudition et de l’esprit de synthèse qui caractérisaient Léon Vandermeersch. Son domaine était la Chine, mais en gardant toujours dans son champ de vision les civilisations marquées par la civilisation chinoise : le Japon et la Corée, mais d’abord pour lui le Vietnam. C’est là d’abord qu’il vit, qu’il enseigne au lycée de Hanoï avant d’être conservateur au musée Finot, qu’il se marie, qu’il fait l’expérience de l’ostracisme silencieux que la société coloniale réserve aux couples mixtes. Plus tard, il passera quelques années à Kyoto. Revenu en France, il est immédiatement reconnu et fait une brillante carrière universitaire à l’université d’Aix, puis à celle de Paris 7, à l’École pratique des hautes études. Il sera directeur de l’École française d’Extrême-Orient.

 

L’Académie des inscriptions et belles-lettres l’a élu correspondant il y a trente ans. Il ne sera jamais académicien parce que, m’a-t-on dit (je n’ai jamais osé lui poser la question), il ne le souhaitait pas. Je m’en tiens à cette explication, très plausible quand on connaissait l’indépendance d’esprit de Léon Vandermeersch, plutôt que de devoir soupçonner l’Académie de ne l’avoir pas souhaité. Mais il a été le bienfaiteur de l’Académie en attirant sur elle une faveur très rare, entièrement due à l’immense réputation dont il jouit en Chine : la Fondation Mingyuan de Hong Kong et son président, M. ChenYueguang, ont créé en son honneur à l’Académie des inscriptions et belles-lettres un Prix de sinologie Léon Vandermeersch, généreusement doté, déjà décerné à quatre reprises. C’est grâce à Léon Vandermeersch et à sa fidèle amie et collaboratrice (notre amie, puis-je dire), Mme Jin, que l’Académie entretient des liens étroits avec le monde universitaire chinois, en particulier avec l’Université normale supérieure de Pékin. Et il a joué un rôle central lors du dernier voyage à Paris de notre illustre associé étranger JaoTsung-I, élu membre de notre académie grâce à notre confrère Franciscus Verellen.

 

S’il m’est permis d’ajouter un mot personnel, j’ai beaucoup fréquenté ces dernières années Léon Vandermeersch, j’ai largement bénéficié de sa générosité, j’ai eu le privilège, grâce à Mme Jin et à Mme Dong, à Pékin, de voyager avec lui en Chine jusqu’aux grottes de Mogao, de donner avec lui et Antoine Compagnon un séminaire à Pékin, de connaître, à Paris et en Chine, le professeur Li Fan Wen, le déchiffreur du tangoute. Tout cela sans le mériter, faute d’être sinologue. Mais j’ai tiré profit et plaisir plus que je ne puis dire de sa conversation et de son savoir. Et ses derniers livres, accessibles aux non sinologues, m’ont ouvert des horizons insoupçonnés, comme à tant d’autres lecteurs. Je ne sais s’il a raison de faire découler l’écriture chinoise des inscriptions divinatoires sur les écailles de tortue, mais l’hypothèse est si suggestive et si habilement soutenue qu’elle alimente la réflexion d’une façon beaucoup plus générale. Et que dire de ce qu’apporte à la pensée de l’humain et à une vision distanciée et précise des cultures et des civilisations le livre admirable, court et dense, publié il n’y a guère plus de deux ans, Ce que la Chine nous apprend sur le langage, la société, l’existence, programme démesuré et parfaitement rempli.

 

La fin de ce livre se penche sur ce qu’est en Chine la religion ou sur ce qui tient lieu de religion. La véritable ouverture d’esprit, c’est peut-être cela : après avoir consacré sa vie à connaître l’autre, à l’aimer et à le comprendre à l’autre bout du monde, être fidèle à soi-même autant que lui et laisser sa dépouille recevoir la bénédiction de son Église dans sa paroisse du VIIe arrondissement de Paris.

 

(Michel Zink, Académie françaiseSecrétaire perpétuel de l’Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres,Professeur émérite au Collègede France)